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Jehan Jonas, de son vrai nom Gérard Beziat, est un auteur-compositeur-interprète libertaire des années 1960 et 70.
Son premier disque, en 1966, en fait un des espoirs de la chanson française, à côté de Georges Chelon et Gérard Brévan. Parmi ses chansons connues : Comme dirait Zazie, Le manège, La mentalité française. Il se produit dans divers cabarets parisiens, et tourne en province, avec un succès d’estime.
Boudé par les médias
Jehan avait été rejeté par les médias pour avoir osé chanter Mentalité française. Une chanson-révolte qui l’avait rendu “maudit” et lui avait valu d’être traité de “petit voyou” par un présentateur radio-télé; alors que Jehan était en fait un véritable poète, un tourmenté, un écorché vif, dont les œuvres étaient toujours empreintes de cet humour corrosif, voire cynique, qu’il savait si bien manier.
Il écrit des chansons pour d’autres interprètes tels que Jean-Marie Vivier, Alain Moisant. Il écrit également des romans et des pièces de théâtre. Cette figure, libertaire et marginale, meurt à 36 ans, d’une tumeur au cerveau. Il aura pourtant eu le temps de nous léguer plus de 200 chansons. Quelques tubes, mais surtout des perles de la poésie française qu’il est urgent de redécouvrir.
Si pour le grand public, Jehan Jonas est tombé dans l’oubli, ses chansons sont cependant interprétées par de nombreux artistes dans le monde de la chanson à texte.
Je vous propose aujourd’hui d’écouter. « La Moule » une de ses plus belles chansons tendres, un véritable petit chef d’œuvre d’humour et de poésie, sur l’inconstance des sentiments humains. Impossible de faire une chanson avec un simple moule, diriez-vous ! Jehan Jonas fait pourtant de la moule un être doué de sentiments et qui se laisse séduire pour combattre son ennui par un humain de passage en mal de solitude.
Source: Wiki et le blogue Si ça vous chante
Jehan Jonas chante « La Moule » (1966)
Paroles de la chanson:
La Moule
(Jehan Jonas)
La mer avait cet air sauvage
Des entre-deux, loin de la foule
Quand je vis, traînant sur la plage
Offerte au soleil, une moule
Elle bayait aux goélands
Tranquille, usant sa solitude
Avec un faux-air nonchalant
Que les moules n’ont pas d’habitude
Dans un nid d’algues aux reflets sombres
Elle s’abreuvait de clarté
Et je lui fis comme un coin d’ombre
En m’asseyant à ses côtés
Je contemplais ce coquillage
Sans oser croire mon bonheur
De voir ainsi sur une plage
Dans sa nacre battre mon cœur
Toute rumeur a son pareil
Qui vit quelque part sur la Terre
Je tends discrètement l’oreille
Et j’écoute monter la mer
La moule ne m’avait pas vu
Et toute à sa félicité
S’offrant ainsi à l’inconnu
S’étirait avec volupté
Qui peut dire ce qui nous pousse
Tapi loin du regard des foules
Je m’allongeais contre sa mousse
Et là je dégustais ma moule
Qu’auriez-vous fait d’autre à ma place ?
Pour ne pas perdre un paradis
Il faut prendre tout ce qui passe
Tant de moules meurent déjà d’ennui
Jehan Jonas
Autres chansons oubliées à écouter sur « J’ai la mémoire qui chante » :
- Jean-Marie Vivier, un auteur-interprète méconnu
- Avec nos yeux – Gilles Vigneault / Claude Léveillée
- Des filles il en pleut – Jacques Douai
- Simone Bartel – A Sainte-Savine (Pierre Mac Orlan)
- La rue s’allume – (L’odeur des roses)
- Jacques Douai – L’amour de moy
- Cora Vaucaire – Trois petites notes de musique
- Au clair de la lune
- Jean Arnulf – Point de vue
- Aristide Bruant – A la Roquette (Alexandre Zelkine)
- Raymond Souplex – La biche au bois
- Guy Bontempelli – Ma jeunesse fout l’camp
- Charles Trenet – La mer
- FREHEL – Où est-il donc
- Edith Piaf (Gilles) – Les Trois Cloches
- Mouloudji – Un jour tu verras
- Georges Brassens – « Le Petit Cheval blanc » et « La Corde »
- Boris Vian – Le Déserteur
- Des chansons d’amour oubliées
- Verlaine – Chanson d’automne
- Pauvre Rutebeuf – Léo Ferré
- Victor Hugo – Vieille chanson du jeune temps
- Jean-B. Clément – Le temps des cerises
- Serge Reggiani – La Chanson de Maglia (Victor Hugo)
- Rimbaud – Les poètes de sept ans (Léo Ferré)
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1966 jacques brel 1ere partie
Merci de me mettre au courant de vos chansons.
Merveilleuses paroles, compositeurs et chanteurs (chanteuses) qui font oublier la tristesse, ou qui la partagent.
ah ma grande honte,je ne connaissais pas encore Jehan Jonas qui me rappelle Maurice Fanon et Henri Tachan. Magnifique !
Merci de me faire découvrir ce beau texte que je ne connaissais pas. Je trouve toutefois votre analyse bien sage… Quand on sait ce que « la moule » signifie en argot, je me permets de croire que Jehan Jonas a joué habilement avec les mots et qu’il y a là un subtil double sens…
http://www.languefrancaise.net/bob/detail.php?id=17167
Il ne m’est pas venu à l’esprit que « la moule » puisse être autre chose, dans l’esprit de Jehan Jonas, que le banal mollusque que nous connaissons. Et j’ignorais totalement qu’en argot le mot puisse avoir un autre sens, disons plus épicé.
Et en relisant ces quelques vers, je me dis que vous pourriez peut-être avoir raison.
« La moule ne m’avait pas vu
Et toute à sa félicité
S’offrant ainsi à l’inconnu
S’étirait avec volupté »
Je crois bien que Monique (qui rit quand on la… pique) a bien saisi le double sens de la chanson.
Texte riche en subtilité , d une grande beauté merci
merci, merci infiniment de nous donner cette superbe chanson … je l’aimais beaucoup ne l’ayant pourtant jamais vu sur scène ; mais ses disques sont là, bien placés…
Quel bonheur cette qualité de texte et cette poésie ayant eu le grand bonheur de rencontrer Luc berimont et de participer A LA FINE FLEUR je remercie ce site pour les petits bonheurs de cette qualité bien cordialement a toute l’équipe
La seule vidéo que j’ai dénichée sur le net où l’on peut voir Jehan Jonas chanter est celle-ci:
Invité à l’émission Discorama le 19 mars 1967, le jeune auteur compositeur interprète Jehan Jonas chante « le manège », une chanson extraite de son premier disque, sorti en juin 1966. Plusieurs chansons de ce disque ont connu un certain succès à l’époque, par exemple « Comme dirait Zazie ».
J’avais oublié ce chanteur que j’aimais beaucoup fin des années 60. Merci de le faire revivre !
Claude
*— * *Tout le monde (ou presque) se souvient que Christian Libens et Claude Raucy avaient publié, aux Editions de la Dérive puis chez Memor, Un cocker en or. Bonne nouvelle : les éditions Jourdan viennent de le rééditer. Le roman devrait être en librairie, en Belgique, dans une dizaine de jours. Et avant la rentrée, en France.*
Adresse : Claude Raucy rue Walthère Jamar, 231 (boîte 21) 4430 ANS (Belgique) Blog : http://www.raucy.be
Très cher ami belge
je te retrouve sur le site de mon cousin à savourer La moule.
Contente de te saluer; et merci à Pierre de nourrir mon âme de ses petits bijoux musicaux qui , en réalité, sont de sublimes dégustations de la vie !
Ma chère Loïse, « La moule » est au fond une chanson mi-tragique, mi absurde, sur la condition humaine. L’extrême solitude qui pousse une humain à projeter sur une moule ses propres sentiments.
Mais c’est aussi de l’héroïsme que de savoir projeter des sentiments, ni plus ni moins qu’une façon de les faire vivre par procuration….autrement !