Gainsbourg Serge


Ginsburg: le peintre devenu pianiste

Lucien Ginsburg naît le 2 avril 1928, à Paris, quelques instants après sa sœur jumelle Liliane. Il a une sœur aînée, Jacqueline, née l’année précédente. Ses parents Olga et Joseph Ginsburg, émigrés juifs russes non pratiquants, sont arrivés en France en 1921. Son père est pianiste. La journée dans l’appartement il joue du Chopin, Vivaldi, Bach mais aussi du jazz, Cole Porter… Le soir il travaille dans les cabarets, les bars, les restaurants russes de Pigalle.

A l’âge de quatre ans, comme ses sœurs, Lucien apprend le piano avec son père. A 10 ans, son chanteur préféré est Charles Trenet qu’il entend à la radio. En mai 1938, il rencontre Fréhel dans la rue. Elle remarque la croix d’honneur reçue à l’école qu’il porte à sa blouse et lui offre un verre de diabolo grenadine et une tartelette aux fraises dans un bistrot. A cette époque elle chante « La Coco ».  Le jeune Lucien apprendra la chanson.

Le jeune Lucien et sa passion pour la peinture

Au cours l’année scolaire 1940, il entre à l’académie de peinture de Montmartre, où il suit les cours. A la même époque, la famille Ginsburg échappe plusieurs fois à des rafles.  En mars 1945, Lucien décide d’interrompre ses études. Avec son père, il écoute  Stravinsky, Bartok, Debussy, Prokofiev, Chostakovitch et Chopin, mais pas de chanson, car son père Joseph méprise ce genre musical. Lucien veut devenir peintre mais son père, sachant qu’on ne gagne pas sa vie ainsi, le pousse à devenir pianiste.

Lucien commence à jouer le soir pour gagner un peu d’argent dans les bars, des bals, des dancings… Mais il fréquente toujours son académie de peinture et ne cesse de peindre.

Au printemps 1947, il y rencontre celle qui va devenir sa première femme en 1951, Elisabeth Levitsky.  Mais il s’éloigne progressivement de la peinture. Sur les conseils de son père, il accepte enfin de devenir pianiste – guitariste dans les boîtes et bars parisiens, afin d’y gagner sa vie. En juillet 1954, il s’inscrit à la SACEM en tant qu’auteur compositeur sous le pseudonyme de Julien Grix. Il y dépose ses six premières chansons dont  « Ca n’vaut pas la peine d’en parler », « Défense d’afficher », « Les amours perdues »… A la rentrée, il remplace son père comme pianiste au cabaret Madame Arthur, célèbre pour ses numéros de transformistes.

La « naissance » de Serge Gainsbourg

En 1956, il est pianiste – guitariste au cabaret Milord L’Arsouille, près du Palais Royal. Il commence chaque jour comme pianiste d’ambiance, puis vers minuit il passe à la guitare pour accompagner la chanteuse Michèle Arnaud. A la fin de l’année, il adopte un nouveau pseudonyme : Serge Gainsbourg.

Le 5 janvier 1958, Francis Claude qui dirige le Milord, le fait passer dans une émission qu’il anime sur Paris-Inter. Serge y interprète « Mes petites odalisques ». Depuis peu il se produit comme chanteur sur la scène du Milord. Denis Bourgeois, producteur chez Philips, le remarque. Il lui propose d’enregistrer une maquette. Jacques Canetti, directeur artistique (et également patron des Trois Baudets) tombe sous le charme de Gainsbourg et un contrat est rapidement signé. Denis Bourgeois réunit Serge Gainsbourg et Alain Goraguer, compositeur et arrangeur, entre autres, de Boris Vian. Les Frères Jacques enregistrent « Le Poinçonneur des Lilas » en juin 1958 et la créent le 23 octobre suivant sur la scène de la Comédie des Champs-Elysées. Serge Gainsbourg sort son premier 33 tours, Du chant à la une !…

En février 1959  paraît Juliette Gréco chante Serge Gainsbourg, et en  mars, Gainsbourg part en tournée en province, en compagnie notamment de Jacques Brel. Le 14 mars, il obtient  le Grand Prix de l’académie Charles Cros pour son premier album, dont les ventes restent  toutefois très modestes.  En janvier 1960, il obtient son premier succès public avec « L’eau à la bouche » (plus de 100 000 exemplaires vendus). Le 17 décembre 1960, Michèle Arnaud crée à la télévision sa célèbre « Chanson de Prévert ».

Alors qu’il se demande s’il doit continuer la chanson, Gainsbourg écrit « La Javanaise » pour Juliette Gréco. Les ventes du quatrième album sont décevantes. En novembre 1962, Brigitte Bardot lui demande une chanson. Elle en enregistre finalement trois : « L’appareil à sous », « Je me donne à qui me plaît » et « La belle et le blues ».

Les années Birkin

Gainsbourg et Birkin

En  janvier 1964, Serge se marie avec Françoise Pancrazzi, dite Béatrice dont ils auront deux enfants : Natacha et Paul et il commence à écrire  pour France Gall. Son « N’écoutez pas les idoles » sorti en mars 1964 s’écoulera à plus de 300 000 exemplaires ! Interviewé le 3 janvier 1965 à Discorama par Denise Glaser à propos des yé-yé et du rock, il répond : « … J’ai retourné ma veste , parce que je me suis aperçu que la doublure était en vison. Je trouve qu’il est plus acceptable de faire du rock sans prétention que de faire de la mauvaise chanson à prétention littéraire… ». Ses propres disques ne se vendent pas, mais ses interprètes rencontrent le succès.

« Poupée de cire, poupée de son », qu’il écrit et compose pour France Gall, remporte le grand concours Eurovision de la chanson le 20 mars 1965.

Le 1er avril 65, Serge Gainsbourg donne son dernier concert à Nice. Il décide d’arrêter la scène. Il est désormais connu et les commandes affluent. Il écrit pour Valérie Lagrange (« La guérilla »), Brigitte Bardot (« Bubble Gum »), Régine (« Les p’tits papiers ») et Petula Clark (« Les Incorruptibles »…

A l’automne 1965, Serge Gainsbourg se sépare de sa femme et quitte le domicile conjugal. Fin 1965, il enregistre 4 titres à Londres.  Il compose également plusieurs musiques de films dont le thème de Les cœurs verts qui, un an plus tard, deviendra avec des paroles, « Je t’aime moi non plus ». .

Le 6 octobre 1967, il déjeune avec Brigitte Bardot, dans le but de préparer un Sacha Show qui lui est consacré le 1er janvier 1968.  Gainsbourg et Bardot ont une liaison qui durera trois mois.  En décembre 68, ils enregistrent le duo « Je t’aime moi non plus », qui sur l’insistance de Bardot, ne verra pourtant pas le jour avant plusieurs années.

En mai 1968, sur le début du tournage de Slogan, de Pierre Grimblat, il rencontre une jeune anglaise, Jane Birkin dont il tombe éperdument amoureux. Leur liaison va durer douze ans. Le 45 tours « Je t’aime moi non plus » sortira, enfin, en janvier 1969, suivi par l’album Jane Birkin et Serge Gainsbourg. Les ventes s’affolent. La chanson est un véritable tube en France et à l’étranger (près de 3 millions d’exemplaires vendus dans le monde à la fin 1969). Serge et Jane deviennent un couple très médiatisé.

Charlotte Gainsbourg naît le 21 juillet 1971 à Londres. Deux annnées plus tard, soit le 15 mai 1973, Serge Gainsbourg est victime d’une crise cardiaque.

Gainsbourg le cinéaste malaimé

Il entame le tournage de son premier film en tant que réalisateur, Je t’aime moi non plus, avec Jane Birkin, Hugues Quester et Joe Dallessandro. Sorti en mars 1976, le film se fait écraser par la critique. En 1977, Gainsbourg écrit des textes pour Alain Chamfort et il travaille à nouveau pour Zizi Jeanmaire.

Le 4 janvier 1980, il tourne dans Je vous aime de Claude Berri, aux côtés de Catherine Deneuve. Il en écrit la Bande Originale et interprète en duo avec Deneuve « Dieu fumeur de havanes ». En avril 1980 , Gainsbourg publie son unique roman, Evguénie Sokolov. Mais il sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Et à la mi septembre, Jane Birkin le quitte.

En décembre 1982, Gainsbourg commence le tournage de son deuxième film Equateur, au Gabon. Le film est presque unanimement  décrié par la critique à Cannes et sort dans l’indifférence générale en août suivant.

En mars 1988, Gainsbourg tient l’affiche sept soirs d’affilée au Zénith de Paris, puis il part en tournée. En mai, il donne trois concerts au Japon. La tournée prend fin en juillet. A 60 ans, Gainsbourg est de plus en plus déprimé et il a de réels problèmes de santé (cirrhose, problèmes cardiaques, vue qui baisse..).

En janvier 1989, il est hospitalisé et opéré avec succès au foie.

En Février 1990, Serge Gainsbourg entame l’enregistrement de dix chansons pour Jane Birkin. Il écrit en parallèle des paroles pour Vanessa Paradis. 

Le samedi 2 mars 1991, Serge Gainsbourg décède subitement d’une crise cardiaquealors qu’il est seul dans sa maison rue de Verneuil. Comme Boris Vian – 30 ans plus tôt – il a oublié de prendre sa pilule pour le cœur. La veille, les radios ont reçu « Requiem pour un con  ». Il s’apprêtait à partir enregistrer un nouvel album, cette fois teinté de blues, à La Nouvelle-Orléans .

Serge Gainsbourg est enterré le jeudi 7 mars 1991 au cimetière Montparnasse.

Source: Le Hall de la chanson

Chanson(s) de Gainsbourg à écouter sur J’ai la mémoire qui chante :

Serge Gainsbourg – La chanson de Prévert

Serge Reggiani – La chanson de Maglia

Citation(s) de Serge Gainsbourg

«  On aime une femme pour ce qu’elle n’est pas ; on la quitte pour ce qu’elle est. »

 » Si le Christ était mort sur une chaise électrique, tous les petits chrétiens porteraient une petite chaise en or autour du cou»

 » Doit-on dire un noir ou un homme de couleur. Tout ceci n’est pas clair »

 » La chance est un oiseau de proie survolant un aveugle aux yeux bandés »

 » L’amour est aveugle et sa canne est rose »

« La laideur a ceci de supérieur à la beauté qu’elle ne disparaît pas avec le temps. « 

« Qu’importe le temps  –  Qu’emporte le ventMieux vaut ton absenceQue ton indifférence. »

Les principales chansons  de son impressionnant répertoire:
  • 1958 : Le Poinçonneur des Lilas, Friedland (la chanson de la jambe de bois)
  • 1959 : Mambo miam miam
  • 1960 : L’Eau à la bouche
  • 1961 : La Chanson de Prévert
  • 1962 : La Javanaise
  • 1963 : Elaeudanla Téïtéïa
  • 1964 : Couleur Café, New York U.S.A.
  • 1965 : Poupée de cire poupée de son
  • 1966 – 1968 : Qui est in, qui est out, Requiem pour un con, Docteur Jekyll et Mister Hyde, Comic Strip, Initials B.B., Bonnie and Clyde (avec Brigitte Bardot)
  • 1969 : Les Sucettes, L’Anamour, Je t’aime… moi non plus (avec Jane Birkin), Elisa, 69, année érotique (avec Jane Birkin)
  • 1970 : Cannabis
  • 1971 : Ballade de Melody Nelson (avec Jane Birkin)
  • 1972 : La Décadanse (avec Jane Birkin)
  • 1973 : Je suis venu te dire que je m’en vais
  • 1975 : Rock Around the Bunker, L’Ami Caouette, Comme un boomerang
  • 1976 : L’Homme à Tête de chou, Marilou sous la neige, Marilou Reggae
  • 1977 : My Lady Heroïne
  • 1978 : Sea, Sex and Sun
  • 1979 : Aux armes et cætera, Des laids, des laids, Lola Rastaquouère, Vieille Canaille, Daisy Temple
  • 1980 : Harley-Davidson, Dieu fumeur de Havanes (avec Catherine Deneuve)
  • 1981 : Ecce homo, Ecce homo et cætera
  • 1984 : Love on the Beat, Sorry Angel, No Comment
  • 1985 : Lemon Incest (avec Charlotte Gainsbourg)
  • 1986 : Je t’aime… moi non plus (avec Brigitte Bardot, version enregistrée en 1968 puis sortie dix-huit ans plus tard)
  • 1987 : You’re under arrest, Aux enfants de la chance, Mon légionnaire
  • 1989 : Hey Man Amen

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commentaires
  1. yd235219@scarlet.be dit :

    Deux personnages que je perçois de manière très différente car, à mes yeux, il y a un monde entre le Gainsbourg génial qui nous a offert des textes inoubliables et le triste personnage de gainsbar qu’il était devenu dans la deuxième partie raccoleuse de sa carrière. Moi, l’image que je garde de ce triste sire est celui d’un clodo se permettant de donner une leçon de morale à Catherine Ringer (Les Rita Mitsouko) lors d’une émission TV : http://youtu.be/586WBOVBwS4

    • Elle n’est malheureusement pas la seule à qui Gainsbourg s’est permis de donner des leçons de morale; je me souviens notamment de Guy Béart sur lequel Gainsbourg s’est littéralement essuyé les pieds !

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