Vigneault Gilles


Natasquan: sa source d’inspiration

Né à Natashquan, au Québec – village de la basse côte du Saint-Laurent aux portes du Grand Nord québécois – le 27 octobre 1928, Gilles Vigneault est un géant de la chanson québécoise. Ce poète à la voix rocailleuse, éraillée et à l’accent inimitable, s’exprime dans un français qu’il décrit comme « compressé depuis trois siècles ». On peut dire sans risque de se tromper qu’il est l’auteur-compositeur-interprète québécois le plus prolifique et sans doute aussi celui qui aura eu le plus marqué sa génération.

Village petit et perdu – puisque que aucune route n’y conduisait encore jusqu’à tout récemment – Natasquan se tient fièrement au milieu de deux infinis qui marqueront profondément l’oeuvre de Vigneault. D’une part, la mer qui est la seul porte d’accès au village. Et de l’autre, une forêt à perte de vue qui constitue en quelque sorte la cours arrière de la maison paternelle. Ce fils de pêcheur et d’une institutrice de campagne, devra s’exiler  « au sud » pour faire ses études, à Rimouski tout d’abord puis à Québec.  Mais Vigneaullt n’oubliera jamais Natasquam et il consacrera une partie de son oeuvre à faire connaître son coin de pays, à parler de ces gens qu’il a côtoyés et à raconter leur quotidien. Il dressera des portraits de gens ordinaires mais bien vivants. Ils auront pour nom Jean du Sud, Jos Hébert, Ti Paul, La Pitoune…

Ses premiers pas dans la chanson

Gilles Vigneault exerce d’abord les métiers de commis-libraire, publicitaire et archiviste, durant ses études (entre 1942 et 1953). En 1953, il participe à la fondation de la revue de poésie Émourie, qu’il édite jusqu’en 1966. Dès 1951, il se joint à la troupe Les Treize, à l’Université Laval, et en devient (de 1956 à 1960) le directeur et metteur en scène. Il anime une émission folklorique à CFCM-Québec (de 1955 à 1956), fait du théâtre avec la Compagnie de la Basoche en 19568, et du cinéma avec Fernand Dansereau. Puis il est scripteur et animateur pour la télévision de la SRC, à Québec. Il participe à divers films à l’ONF (Office National du Film Canadien) dont : Les Bacheliers de la cinquième, de Clément Perron, ONF, 1962 ; La neige a fondu sur la Manicouagan, d’Arthur Lamothe, ONF, 1965.

Parallèlement, il est professeur à la Garnison Valcartier (de 1954 à 1956), puis à l’Institut de technologie de Québec (de 1957 à 1961), où il dispense des cours d’algèbre et de français, et à l’Université Laval durant l’été (en 1960 et en 1961).

Et c’est par la littérature qu’il arrive à la chanson. En 1960, durant les vacances d’été, Gilles accepte de chanter un de ses textes… juste pour essayer! Ensuite il ouvre avec le pianiste Yvon Bélanger la « Boîte aux chansons ». C’est là que, le 5 août 1960, il chante pour la première fois en public. On le retrouve quelques mois plus tard à Montréal, sur la scène de la boîte à chansons « Le Chat Noir » dont Claude Léveillée est alors le directeur artistique. Ensemble ils composent bientôt les chansons « L’hiver » et « Le rendez-vous ». Au fil des années, Léveillée mettra en musique une trentaine de textes de Vigneault. Après avoir quitté son poste de professeur en 1961, Gilles Vigneault continue d’écrire pour la télévision de Québec  et il enregistre en février 1962 son premier album.

En novembre 1963, Gilles Vigneault se produit à la Comédie Canadienne. Il est le premier québécois à y présenter un récital complet. Dès lors il donne nombre de spectacles, entreprend plusieurs tournées qui le conduiront partout à travers le Québec ainsi qu’en Europe mais à aucun moment toutefois, Vigneault ne songe à abandonner l’édition et la littérature, ses livres ont paru à un rythme régulier.

Porte parole de la culture francophone

Vigneault se révèle être un excellent conteur tant il cultive l’art de la digression. On lui associe une gestuelle spontanée, d’incessants mouvements des bras, qui étonnent mais rendent ses prestations scéniques vivantes et vibrantes. « Mon Pays » son plus grand succès, écrit en 1965 lors du tournage du film Il a neigé sur la Manicouagan d’Arthur Lamothe, donne son titre à l’album qui sort en 1966. Pourtant, son premier passage à Paris, à Bobino la même année, n’attire pas les foules. Les Français le découvrent lors du spectacle Vive le Québec organisé à l’Olympia en 1967. Les comparaisons avec Brassens vont alors bon train. Il devient le porte-parole de ceux qui, au Québec, se battent pour la reconnaissance de la culture francophone. Onze ans plus tard, il se produira une nouvelle fois à Bobino pendant deux mois et demi, à guichets fermés.

Son œuvre multiple et prolifique reçoit alors quasiment chaque année un honneur ou une distinction outre-Atlantique. Mais cet auteur-compositeur-interprète a également reçu deux fois le prix de l’Académie Charles Cros en France. Le style très imagé de ce conteur-né en fait idéalement un auteur de livres pour enfants. C’est au cours des années 1970 qu’il devient aux yeux du public français un artiste ardemment engagé dans le mouvement pour l’indépendance politique du Québec. Il s’illustre, par exemple, en chantant avec Robert Charlebois, Claude LéveilléeJean-Pierre Ferland et Yvon Deschamps, le 24 juin 1975, devant 300.000 personnes sur le Mont-Royal à Montréal à l’occasion de la fête de Saint-Jean-Baptiste.

Aznavour et Vigneault

Gilles Vigneault est l’auteur de plus de quarante livres : autant livres de contes, qu’il a lui-même édités en version imprimée, en version vocale et enregistrée, pour diffuser les paroles de ses plus de quatre cents poèmes devenus, pour la plupart, des chansons qu’il a interprétées sur scène et enregistrées sur quelque quarante albums, qu’il a aussi édités.

Gilles Vigneault s’est ainsi forgé le statut d’une véritable légende vivante en Amérique francophone. Il est, même, encore très bien reçu par les auditoires anglophones; cela, malgré sa prise de position bien connue comme ardent défenseur de la cause de la souveraineté du Québec et en faveur de la langue française. Et sa notoriété s’étend en Europe. Gilles Vigneault célébrait, il y a peu de temps,  son 80e anniversaire et le 50e de son parcours chansonnier. Mais comme l’homme est toujours en quête de nouvelles aventures et il n’a pas encore fait ses adieux à la scène.

Tout au long de son parcours, la vie et l’oeuvre du poète ont fait l’objet de nombreux ouvrages écrits, d’émissions de télévision, d’un ballet (Tam ti delam par les Grands Ballets canadiens), de spectacles « hommage » et de plusieurs films documentaires (Ce soir-là… Gilles Vigneault, Je chante pour…, The Words And Music Of Gilles Vigneault). Plusieurs interprètes lui ont dédié des albums entiers, depuis Claude Léveillée qui mettait plusieurs de ses textes en musique à l’hiver 1962, jusqu’au rassemblement de l’album-événement « Je vous entends chanter » en 1980, en passant par Catherine Sauvage « Catherine Sauvage chante Gilles Vigneault » en 1966, Louise Poulin « Louise Poulin interprète Vigneault » (1966), Pauline Julien « Pour mon plaisir… » en 1973, l’Ensemble Claude Gervaise « Tout l’monde est malheureux » en 1976, Fabienne Thibault «  Au doux milieu de nous » en 1977. Ses livres de poèmes, contes et textes de chansons sont également publiés par sa propre maison, les Éditions de l’Arc (et Nouvelles Éditions de l’Arc) depuis 1959.

Source: Wikipedia

On peut aussi visiter le site WEB de Gilles Vigneault.

Chanson(s) de Gilles Vigneault à écouter sur le site « J’ai la mémoire qui chante » :

Gilles Vigneault – Les gens de mon pays

Pierre Calvé – Quand les bateaux s’en vont

Claude Léveillée / Pauline Julien – Le Rendez-vous


Discographie partielle:
  • 1958
    • Jos Monferrand – sa première chanson connueLe cul su’l’bord du Cap Diamant
      Les pieds dans l’eau du Saint-Laurent […]
    • La Tour … la tourelle
    • Le bout du monde (musique de Claude Léveillée) :
      Il n’y a pas de bout du monde
      Et cependant nous partirons […]
    • Le chemin de prairie (musique de Claude Léveillée)
    • Il en est passé (musique de Claude Léveillée) :    Il en est passé de l’eau sous les ponts
      Il en est passé des nuages […]
  • 1959
    • Je vieillis des instants (musique de Sylvain Lelièvre) :    Je vieillis des instants que je passe loin d’elle […]
    • Jean du Sud
    • Jos Hébert
    • Tit-Paul la Pitoune
    • La danse à Saint-Dilon
  • 1960
    • L’hiver (musique de Claude Léveillée) :    Ah… que les temps s’abrègent
      Viennent les vents et les neiges
      Vienne l’hiver en manteau de froid
      Vienne l’envers des étés du Roi […]
  • 1961
    • Jack Monoloy
    • Fer et titane
    • Natashquan (musique de Gilbert Bécaud)
    • Tam ti delam
    • J’ai pour toi un Lac :    J’ai pour toi un Lac
      Quelque part au monde […]
    • Caillou Lapierre
  • 1962
    • Si les bateaux ***Au Panthéon…*** :    Si les bateaux que nous avons bâtis
      Prennent la mer avant que je revienne […]
    • Le doux chagrin :    J’ai fait de la peine à ma mie
      Elle qui ne m’en a point fait
      Qu’il est difficile
      Qu’il est difficile d’aimer […]
    • Quand les bateaux s’en vont (musique de Pierre Calvé)
  • 1963
    • Pendant que… ***Au Panthéon…*** :    Pendant que les bateaux
      Font l’amour et la guerre
      Avec l’eau qui les broie
      Pendant que les ruisseaux
      Dans le secret des bois
      Deviennent des rivières
      Moi Moi je t’aime […]
  • 1964
    • Mon Pays ***Au Panthéon…*** :    Mon Pays ce n’est pas un pays c’est l’hiver […]
  • 1965
    • La Manikoutai
    • Les gens de mon pays :    Les gens de mon pays
      Ce sont gens de parole
      Et gens de causerie […]
  • 1966
    • Paul-Eu-Gazette
    • Tout l’monde est malheureux
  • 1967
    • Ah! Que l’hiver… :    Ah! Que l’hiver tarde à passer
      Quand on le passe à la fenêtre […]
  • 1968
  • 1970
    • Le temps qu’il fait sur mon pays
  • 1971
  • 1972
    • Maintenant (musique de Gaston Rochon) :    Maintenant que tu connais mes rêves […]
  • 1973
    • Il me reste un pays (musique de Gaston Rochon) :    Il me reste un pays à te dire
      Il me reste un pays à nommer
      Il est au tréfonds de toi
      N’a ni président ni roi […]
    • Gros-Pierre (musique de Gaston Rochon)
    • Tit-Cul Lachance (musique de Gaston Rochon)
    • On n’a jamais l’hiver qu’on veut (musique de Gaston Rochon)
    • Quand nous partirons pour la Louisiane (musique de Gaston Rochon)
  • 1974
  • 1975
    • Gens du Pays (musique de Gaston Rochon) ***Au Panthéon…*** :    Gens du Pays c’est votre tour
      De vous laisser parler d’amour […]
  • 1976
  • 1977
  • 1979
    • Les amours, les travaux (musique de Robert Bibeau) :    Les amours, les travaux
      Même le chant d’un oiseau […]
  • 1981
  • 1982
  • Les beaux métiers (musique de Robert Bibeau)
  • Le grand cerf-volant (musique de Robert Bibeau) :    Un jour, je ferai mon grand cerf-volant […]
  • Chacun fait selon sa façon (musique de Robert Bibeau)
  • 1983
  • 1980
    • Je vous entends chanter.
  • 1981
  • Quelques pas dans l’univers d’Éva. Contes pour enfants.
  • 1982
  • Combien de fois faut-il parler d’amour.
  • 1983
  • Comptine pour endormir l’enfant qui ne veut rien savoir.
  • 1984
  • Un jour je ferai mon grand cerf-volant.
  • 1986
  • Chansons, contes et comptines.
  • Mets donc tes plus belles chansons ensemble.
  • 1988
  • Les îles.
  • Compilation
  • 1990
  • Chemin faisant cent et une chansons.
  • 1996
  • C’est ainsi que j’arrive à toi.

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commentaires
  1. C’est, avec Félix Leclerc bien sûr, l’artiste Québécois dont je possède le plus de disques. Ce que j’apprécie particulièrement chez eux c’est cet amour fervent pour la vie, la terre et les hommes. Beaucoup de leurs chansons sont des hymnes vibrants à tout cela.( « Les amours, les travaux,… »).
    Je ne suis pas croyant (et même tout le contraire !) mais leurs « credos » m’enchantes. Nos grands
    artistes Français de la chanson ( Ferré, Brassens, Brel,…) sont en général beaucoup plus mélancoliques et narquois, voire cyniques, dans leur perception de la nature humaine (et de la nature tout court ). Phénomène certainement culturel…sur lequel je m’interroge,…
    … et cela grâce à ce site dont je vous félicite car il me permet de passer un peu de temps avec eux @+

    • Merci à vous, Jean-Pierre, pour cette fort juste observation. C’est peut-être à cause de la fragilité de la « terre » sur laquelle nous évoluons au Québec qui rend cette terre encore plus précieuse à nos yeux. Je dois dire toutefois que cet attachement ne se retrouve plus chez les générations montantes où les valeurs nord-américaines de consommation ont pris le dessus sur le sentiment d’appartenance.

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