Leclerc Félix


Félix a donné à la chanson québécoise ses lettres de noblesse

Félix Leclerc

Félix Leclerc (c’est son « vrai » nom) était le sixième enfant d’une famille de onze enfants. Après une enfance bien québécoise dans la petite ville de La Tuque en Mauricie (au nord ouest de Trois-Rivières),  le jeune Félix Leclerc est envoyé à Ottawa pour y faire ses études classiques. Pour Félix, ce sera  le bout du monde. Ce premier déchirement et les longs moments de solitude au pensionnat contribueront  à développer l’esprit rêveur et créateur du jeune homme.

Les premières chansons

Après ses études,  Félix Leclerc occupera divers petits emplois avant de devenir animateur radiophonique à Québec de 1934 à 1937. Sa Belle voix grave passe bien au micro. Il met à profit ses talents d’écrivain dans des radio-romans et des contes lus à la radio qu’il publiera plus tard: Adagio (1943), Allegro et Andante (1944). Il chante ça et là dans des radio-romans et des pièces de théâtre, et commence à se produire comme chansonnier à la fin des années 40 mais il n’a encore qu’un public très restreint. Ses chansons « de nature » n’intéressent pas les citadins d’après guerre qui ne se retrouvent pas dans l’image que personnifie, bien malgré lui, Félix.

En 1950,  le fantaisiste montréalais Jacques Normand fait entendre à l’imprésario parisien Jacques Canetti, un enregistrement de la chanson Le train du Nord de Félix. Vivement impressionné, celui-ci lui fait enregistrer une douzaine de chansons aux studios de la station radiophonique montréalaise de CKVL et lui offre un contrat de cinq ans avec les disques Polydor.

La conquête de l’Europe

Félix à Paris (1952)

Quelques mois plus tard,  Félix fera trois semaines au théâtre l’ABC à Paris. Avec ses bottes, sa veste à carreaux et sa guitare, Félix Leclerc – que les Français coifferont du qualificatif « Le Canadien » – y remporte le soir du 22 décembre 1950 un véritable triomphe. Il tient ensuite pendant quatorze mois l’affiche des Trois Baudets (de Canetti), puis effectue des tournées en France, ailleurs en Europe et au Proche-Orient.  Félix remportera le grand prix de l’Académie Charles-Cros pour sa chanson Moi mes souliers .

Au Québec, c’est une surprise un peu gênée.  Le p’it gars dont on se moquait gentiment hier vient  de conquérir le monde sans rien changer à son allure, à ses textes ou à sa « parlure » comme se plaisait à le dire, Félix lui-même!  Du coup, la chanson québécoise vient de gagner ses lettres de noblesse.

De retour au Québec

Il revient au Québec en 1953, auréolé de sa performance européenne. Mais seulement quelques unes de ses chansons sont connues du public québécois et Félix doit mettre beaucoup d’énergie pour conquérir le cœur du grand public francophone du Québec, ce qu’il n’obtiendra malheureusement que beaucoup plus tard dans sa carrière de chanteur.  Il continue donc à donner des spectacles, entre autres dans les cabarets montréalais où on l’entendra au Café Continental au début des années 1950. Mais pour gagner sa croute, Félix devra accepter d’agir comme présentateur dans le cadre de différentes émissions télévisées culturelles, pour le compte de Radio-Canada.

Et pourtant, en 1951, on le considère déjà en France comme un grand de la chanson et il suscite l’admiration des jeunes lièvres de la chanson que sont les Brel et  Brassens. Un deuxième disque en 1957 lui mérite d’ailleurs un autre prix de l’Académie Charles-Cros.

Mais malgré ses succès dans la chanson, Félix se considère d’abord et avant tout comme un écrivain. Il écrit des pièces de théâtre et des téléromans. Mais suite au succès mitigé (pour ne pas dire à la déconfiture) de plusieurs de ses pièces de théâtre, ses relations avec la presse s’enveniment et il quitte le Québec pour la Suisse en 1966.

Suite à une tournée triomphale en Europe, la poussière retombe un peu et il revient se produire au Québec pour finalement s’installer sur l’Ile d’Orléans en 1970. Il demeurera dans cette maison qu’il a bâtit lui-même et il y demeurera jusqu’à la fin de ses jours.

Félix l’ardent nationaliste

La loi des mesures de guerre de gouvernement canadien (1970)

En octobre 1970,  le géant se fâche. Lui qui se tenait au dessus des querelles politiques, il est indigné par  l’imposition des mesures de guerres par le gouvernement fédéral canadien , mesures qui ont eu pour effet de suspendre les libertés civiles au Québec.  Dès lors, il s’affiche sans équivoque pour  l’indépendance du Québec. Et plusieurs de ses chansons comme L’Alouette en colère et Le tour de l’Île (laquelle fera bientôt l’objet d’un article sur ce blogue) illustreront éloquemment ce changement de cap.

« Mon fils est en prison
Et moi je sens en moi
Dans le tréfonds de moi
Pour la première fois
Malgré moi, malgré moi
Entre la chair et l’os
S’installer la colère.. »
(Extrait de l’Alouette en colère)

 

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Le loup, le renard et le lion

Le 13 août 1974, Félix participe, avec Gilles Vigneault et Robert Charlebois, au spectacle de la Superfrancofête sur les plaines d’Abraham à Québec devant plus de 100 000 spectateurs. Cette prestation est immortalisée sur l’album J’ai vu le loup, le renard, le lion.

Il enregistrera encore quelques albums mais le poids des années commence à se faire sentir et des problèmes de santé le retiennent dans sa retraite paisible de  l’île d’Orléans où il mourut le 8 août 1988 mais pas avant d’avoir légué une oeuvre monumentale, pleine d’intégrité et d’amour de son pays.

Félix Leclerc a été l’instigateur de la longue tradition des chansonniers québécois. Il fut aussi une voix puissante dans le mouvement d’affirmation nationale des Québécois.

Sources:  Chansons du QuébecWikipedia

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Félix Leclerc

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Citation(s)

« Ce n’est pas parce que je suis un vieux pommier que je donne de vieilles pommes. « 

Félix Leclerc

« Le mariage, c’est deux billets d’avion aller seulement, vers une île inconnue. On en revient à la nage ou jamais »

Félix Leclerc

« L’Amour n’est pas l’amour…
C’est un carrefour
Où les filles entrent en chantant
En ressortent en pleurant… « 

Félix Leclerc

« La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire. « 

Félix Leclerc

« … le silence, ce couloir à secrets où les pensées se nouent et se dénouent comme des fumées. « 

Félix Leclerc

« Neuf heures le matin :
la tête à moitié sortie de son drap bleu,
la lune regarde la terre à la cachette
et admet humblement
que son éclairage de nuit est blafard
devant cette abondance d’or et de chaleur. « 

Félix Leclerc

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Autre chansons de Félix à écouter sur « J’ai la mémoire qui chante » :

Discographie de Félix Leclerc

Félix Leclerc (compilation, 1992, Philips 846-422-2 double CD) Félix Leclerc: 21 titres, chansons d’auteur (compilation, 1991, Philips 822.995-2 CD)

L’intégrale (1989, coffret de 6 disques audionumériques réuinissantles disques Philips CD-838.072 à 838.077)
Le petit bonheur Philips CD-838.072-2
La vie, l’amour, la mort Philips CD-838.073-2
La Gaspésie Philips CD-838-074-2
L’Alouette en colère Philips CD-838.075-2
Mon fils Philips CD-838.076-2
L’encan/Le tour de l’Île Philips CD-838-077-2
Heureux qui comme Félix (coffret de 4 disques audionumériques réunissant les disques Amplitude 3001, 3002, 3004 et 3008)
Chanson dans la mémoire longtemps, volume 1 (réédition 1989, Amplitude CH-CD-3001)
Chanson dans la mémoire longtemps, volume 2 (réédition 1989, Amplitude CH-CD-3002)
Chanson dans la mémoire longtemps, volume 3 (réédition 1989, Amplitude CH-CD-3003)
Chanson dans la mémoire longtemps, volume 4 (réédition 1989, Amplitude CH-CD-3004)

L’Ancêtre (en spectacle au Théatre de l’Île d’Orléans en 1976;réédition, 1989, Amplitude CH-CD-3008)

Félix Leclerc raconte aux enfants (narration de Jean-Paul Sermonte, compilation 1989, Amplitude CH-CD-3002))


Bibliographie de Félix Leclerc

Contes : Adagio, Montréal, Fides 1943

Fable : Allegro, Montréal, Fidesl944

Poèmes : Andante, Montréal, Fides 1944

Roman : Pieds nus dans l’aube, Montréal, Fides l946

Théâtre :Dialogue d’hommes et de bêtes, Montréal, Fides l951

               Le hamac dans les voiles (extraits d’Adagio, Allegro, Andante) 1952

Autobiographie : Moi, mes souliers, Paris, Amiot-Dumont 19SS, Montréal Fides 1960

Roman : Le fou de l’Île, Paris, Denoël 1958, Montréal, Beauchemin 1958

Théâtre :

Le p’tit bonheur 

Sonnez les matines, Montréal, Beauchemin 1959.

Sonnez les matines,1963,

Le petit bonheur, 1964

 

Maximes :

Le calepin d’un flâneur, Montréal, Fides 1961

 

Théâtre :

L’auberge des morts subites, Montréal, Beauchemin 1964

 

Poésie :

Chansons pour tes yeux, Paris, Robert Laffont 1968, Montréal, Fides 1976

 

Chansons :

Cent Chansons, Montréal Fides 1970

 

Roman :

Carcajou ou Le diable des bois, Paris, Robert Laffont ; Montréal, Éditions du Jour 1973

 

Théâtre :

Qui est le père? Montréal, Leméac 1977

 

Maximes:

Le petit livre bleu de Félix

    ou

Le nouveau calepin du même flâneur

Poèmes:

Rêves à vendre, Montréal, Nouvelles Éditions de l’Arc 1978

 

Maximes :

Le dernier calepin, Montréal. Nouvelles Éditions de l’Arc et Carcajou 1988

 

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commentaires
  1. girtabaix dit :

    bonsoir ! merci pour avoir réalisé cet article : une mine de renseignements !
    j’adore Félix et c’est aussi ma jeunesse !!!
    grand bonjour de Provence !

  2. Melocoton dit :

    Bonjour Pierre,

    Chaque jour apporte son lot de découverte, et certains matins sont bénis. Je viens de recevoir un 33 tours de Jean-Marie Vivier dont le premier titre (qui donne son nom à l’album) est un vibrant hommage à Félix Leclerc qui m’a immédiatement donné l’envie de vous inviter à marcher…

    Sur les traces d’un Prince : http://www.zshare.net/audio/87356583104a68eb/

    • Oui j’ai aussi dans ma collection ce disque de Vivier (sous forme de CD) et il y a effectivement plusieurs très belles chansons que j’aurais le goût de réécouter.

      • Melocoton dit :

        Bonjour Pierre,

        C’est bien juste, vous avez entièrement raison, il s’agit effectivement d’un CD. C’est sans doute un gros raz-le-bol des nombreux 33 tours que je convertis en mp3 qui m’a fait associer l’un à l’autre 🙂

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