Lapointe Boby


Boby Lapointe (Robert, Jean-François, Joseph, Pascal Lapointe, dit), est né le 16 avril 1922 à Pézenas.

Archétype de l’artiste incompris par ses contemporains et découvert par la génération suivante, Boby Lapointe connaît, auprès des jeunes, une gloire posthume qui ne s’est pas démentie depuis une quinzaine d’années. Nombreux sont ceux qui revendiquent, à des degrés divers, une part de son héritage ou reprennent son répertoire.

Il rêvait d’être pilote d’essai

« Élevé par mes parents. Études au collège. Fort en math. », comme il le raconte lui-même dans ses mémoires, son côté fantasque et farceur se révèle très tôt.  Dès son adolescence, avec quelques camarades de jeu, il prend plaisir à narguer le bourgeois et à ridiculiser la société bien-pensante et le clergé.

Cependant, son rêve est de voler : il ambitionne de devenir pilote d’essai, et se montre bon en sciences (notamment en mathématique) à l’école tout en se révélant casse-cou avec des engins (plus ou moins) volants qu’il conçoit.  Après avoir obtenu son baccalauréat, il commence à préparer le concours d’entrée à deux grandes écoles françaises pour assouvir sa passion de l’aviation et des math. Son génie technique le conduit aussi à inventer dans cette même décennie un système d’embrayage automatique pour automobile qu’il présente aux principaux constructeurs, mais ceux-ci estiment cette invention sans avenir.

Un amour des mots

Mais à l’âge de 20 ans, il doit abandonner ses études et est envoyé à Linz, en Autriche, en 1943 au titre du STO. Éternel insoumis, il s’évade la même année et rejoint, en mai 1944, sa région natale après sept mois d’errance sous différents noms d’emprunt. Une anecdote veut que parmi eux, il ait utilisé le nom de Robert Foulcan. Sa grande stature et sa force physique lui permettent de devenir scaphandrier au port de La Ciotat, essentiellement pour échapper aux recherches dont il est l’objet par les Allemands et la milice locale.

Son amour des mots et son envie d’écrire le poussent, à partir de ce moment, à composer des chansons dont le style est très marginal, tout en calembours, jeux de mots et contrepèteries : un style trop intellectuel pour qu’on lui donne facilement sa chance. Il rédige également un recueil de poésies et un traité sur les calembours. Il cherche des interprètes pour ses chansons, mais son style rebute : lors d’un gala de la chanson à Juan-les-Pins, les Frères Jacques qu’il y rencontre déclinent sa proposition, un peu effrayés par la complexité des textes truffés de calembours.

Ses débuts dans le métier, il les fait, à la fin des années 50, sur la scène du Cheval d’or, cabaret réputé de la Contrescarpe, une ancienne bonneterie de la rue Descartes transformée en boîte à chanson. À cette époque, Boby n’a pas encore adopté le pull marin qui sera son image de marque, et c’est en complet-cravate qu’il passe un soir la porte du Cheval d’Or… « Sa tenue de représentant de commerce détonne dans ce lieu où une certaine mise débraillée est de rigueur », se souvient Jacky Vidal.  Mais Boby est là pour présenter ses chansons, car il ne pense pas du tout les interpréter lui-même.

Il y croise Anne Sylvestre, Raymond Devos, Ricet Barrier et Georges Brassens, avec qui naît une sympathie réciproque. Lapointe est remarqué non seulement pour sa présence physique (sa taille et son aspect athlétiques n’y sont pas étrangers, de même que ses airs faussement bourrus), mais aussi pour son élocution aléatoire et son style de textes tout en jeux de mots. Il devient ainsi l’attraction principale du cabaret et attire l’attention du réalisateur François Truffaut. Ce dernier imagine de lui faire jouer le rôle du chanteur de bar dans son nouveau film Tirez sur le pianiste, avec Charles Aznavour dans le rôle du pianiste.

Les compositions suivantes ne démentent pas ce succès : L’hélicon, Ta Katie t’a quitté, Saucisson de cheval, Comprend qui peut, Méli-mélodie, Le tube de toilette, La maman des poissons … Boby Lapointe devient un invité récurrent de l’émission Les Raisins verts de Jean-Christophe Averty, pour laquelle il ira jusqu’à interpréter une chanson qui n’est pas à son répertoire habituel, Si j’avais un marteau, en maniant une faucille d’un air entendu.

Les années difficiles

Dans les années 1960, Lapointe et Brassens enchaînent les tournées et les récitals. Mais son côté fantasque lui fait commettre des erreurs. Quand il ouvre un café concert, « Le Cadran Bleu », la faillite survient rapidement. Brassens le secourt en épongeant une partie des dettes et l’aide à trouver des petits boulots pour vivre. Le directeur des programmes d’Europe 1, Lucien Morisse, intervient pour qu’il signe un contrat avec les disques AZ. Mais la période yéyé a commencé et le style musical de fanfare, sur lequel toutes les chansons de Lapointe sont basées, ne fait plus autant recette, ni sur les ondes, ni dans les bacs.

Lapointe reprend donc une carrière plus cinématographique, en jouant pour le réalisateur Claude Sautet : il est ainsi le demeuré brutal de Max et les ferrailleurs ou le chauffeur de bétaillère dans Les Choses de la vie. Dans le même temps, Joe Dassin pousse Lapointe à signer un nouveau contrat chez Fontana/Philips tout en devenant son producteur. Lapointe part en tournée pour promouvoir son dernier album, Comprend qui peut sous la houlette de Dassin. L’album est illustré par un portrait du chanteur réalisé par le peintre naïf Maurice Ghiglion-Green. Ce portrait deviendra d’ailleurs quelques années plus tard l’icône de Lapointe, en pull marin et le nez dans les pâquerettes.

C’est par l’intermédiaire de Maurice Fanon, connu en 1966 au Port du Salut, que Boby rencontrera sa troisième épouse, Bernadette Marque (qu’il surnommera affectueusement Bichon). Issue d’une famille bourgeoise, cette styliste chez Chanel sera vite séduite par le mode de vie bohème de Boby et de ses amis. « C’était la fête permanente, la porte était toujours ouverte, les copains venaient dîner et il y avait toujours une chambre prête pour un éventuel « campeur ».

En 1968, Boby publie un traité de mathématique (le « système bibi ») qui sera commenté dans des revues comme Sciences et Avenir. En avril, il chante à Bobino avec Maurice Fanon et Catherine Sauvage.

Malade depuis quelques années, Boby retourne à Pézenas au mois d’avril 1972. Il meurt discrètement le 29 juin.  Il n’aura enregistré qu’une cinquantaine de chansons, mais leur diffusion continue.

Sa « seconde carrière »: enfin le succès…

Le démarrage de la seconde carrière de ce « jongleur de mots », selon l’expression du compositeur et orchestrateur Oswald d’Andréa, se situe en 1976. Cette année-là, Jacques Caillart, directeur de sa maison de disques, publie l’intégrale de ses enregistrements 1960 à 1969. Un coffret Philips de quatre 30 cm paraît et, contre toute attente, c’est le succès ! Particularité, le livret contient un « avertissement au lecteur », rédigé par Boby lui-même, et le texte de toutes les chansons. « J’ai un penchant naturel pour les mots et leur côté farce, écrit-il. J’en ai acquis une certaine technique, et ne sais m’empêcher de mettre cette farce à toutes les sauces. Ce n’est pas un métier, mais… ça sert d’os, et, pour moi, c’est le squelette de toute expression du comique. »

Source: Raoul Bellaïche + Wikipedia

Citation(s)

« La maman des poissons
Elle a l’oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l’aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l’aime bien avec du citron

Boby Lapointe  – « La maman des poissons »

«Avec le violon, il faut choisir : ou bien tu joues juste, ou bien tu joues tzigane.»

Boby Lapointe


«  »Ma tactique était toc » dit Igor qui s’endort ivre mort au comptoir du bar »

Boby Lapointe – « Ta Katie t’a quitté »



Dînant d’amibes amidonnées
Mais même amidonnée l’amibe
Même l’amibe malhabile
Emmiellée dans la bile humide
L’amibe, ami, mine le bide…

Boby Lapointe – « Quelle Méli Mélodie »


Chansons de Boby Lapointe sur le site “J’ai la mémoire qui chante” :
Framboise
La maman des poissons
 Quelle Méli Mélodie

* * *

Nous avons besoin de votre soutien !

Abonnez-vous au site « J’ai la mémoire qui chante » et contribuez à la promotion de la grande et de la belle chanson d’expression française !

EN VOUS ABONNANT TOUT À FAIT GRATUITEMENT AU SITE « J’AI LA MÉMOIRE QUI CHANTE », VOUS NE COUREZ ABSOLUMENT AUCUN RISQUE sauf celui d’être informé, dès la parution d’une nouvelle chanson !  

Pour ce faire, il vous suffit tout simplement d’entrer votre adresse courriel (votre email) en utilisant le formulaire d’abonnement  que vous trouverez, au bas de la présente page !

commentaires
  1. Marc van der Straeten dit :

    Parmi les auteurs Jean Villard « Gilles » manque à l’appel, son texte  » la femme du monde » chanté par les frères Jacques est un bijoux

  2. Voyez ce que l’on fait avec l’ami Boby.
    Preuve qu’il intrigue encore son monde.
    Prenons sa chanson « Comprend qui peut » et cette version  » discothèque » trouvée sur le net.
    « Comprend qui peut » est une parodie des chansons de comiques troupiers ou autres chansonniers comiques des jeux de mots ( Fernandel avec « Félicie aussi », etc…), sauf que Boby, provocateur farfelu, possède un génie tout mathématique de la langue et de la phonétique. Il à construit toute son œuvre sur cette faculté comme d’autres inventent des contrepets, quasi naturellement.

    On veut ici nous laisser croire que la première dame de France se lance dans l’humour pédérastique de l’impayable Boby… étonnant non ? Mais pourquoi pas ! N’a t’elle pas enregistré « Fernande » de Brassens ! ( …je bande aussi !) Et, comme toujours pour Carla, l’interprétation, enregistrée sous poumon d’acier, manquerait un peu de souffle. Sauf que ce n’est pas Carla mais Clarika qui chante, et, si ça prête à confusion, c’est quand même légèrement mieux….
    Néanmoins (comme disait Cléôpatre), pour les sourds et mal entendants, je traduis (en mettant les points sur les « i » !) quelques passages de cette chanson où, je le rappelle, Boby exprime toute l’attirance très sexuelle que lui inspire son ami Marcel !
     » Il sait de quoi j’ai envie.
     » Il n’est pas si bête
     » Il sait que c’est de son Vit
     » Goureux corps d’athlète
     » J’aime son Nœud
     » Reux caractère
     » Tout’ ses Affaires,
     » Et c’est pour (s) ça Queue
     » Je dis que l’amour,
     » Même sans amour,
     » C’est quand même l’amour
     » Comprend qui peut ou comprend qui veut !
    Quant à la popularité de Boby en France, ce n’est certes pas celle de Johnny, mais je peux vous dire que tous les amateurs de bonnes chansons (et ils sont nombreux !) le connaissent parfaitement et vous seriez étonné de voir le nombre de gens (et de jeunes gens) qui possèdent « l’intégrale » de son œuvre. C’est mon cas et celui de mes deux enfants.

    • Lire votre commentaire est un pur délice, mon cher Jean-Pierre..
      Je suis aussi étonne que vous de voir le débat sur « la popularité » de Boby au sein de groupe Facebook, « J’ai la mémoire qui chante ». Je souscris entièrement à votre propos. Qui ignore l’oeuvre Boby Lapointe est soit un extra terrestre ou quelqu’un qui ne connait pas grand chose de la chanson française. Et cela aussi vrai pour le Québec où il y a un véritable culte pour les chansons de Boby Lapointe.

Votre commentaire