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Trois petites notes de musique ont ce matin plié boutique…
La chanteuse Cora Vaucaire, grande interprète de Prévert ou Aragon, surnommée « la dame blanche de Saint-Germain-des-Prés », est morte dans la nuit de vendredi à samedi. Cora Vaucaire, de son vrai nom Geneviève Collin, est née le 22 juillet 1921 à Marseille et elle était l’épouse de Michel Vaucaire , auteur, journaliste, poète, producteur de radio…
Cora Vaucaire était connue comme l’une des principales ambassadrices de la chanson « rive gauche » à partir des années 1950, défendant un répertoire sans concession, allant du Moyen-Age aux poètes contemporains comme Prévert, Aragon, ou Trénet. Trois fois couronnée par l’Académie Charles Cros, c’est elle qui, la première, enregistrera la célébrissime chanson « Les feuilles mortes » de Prévert et Kosma.
Elle avait fait connaître Barbara (« Dis quand reviendras-tu ?« ), Léo Ferré (« Les Forains »), ainsi que le Québécois Raymond Lévesque (« Quand les hommes vivront d’amour »). Au cinéma, elle immortalisa deux chansons : « La Complainte de la Butte » dans le film « French cancan » de Renoir en 1955 et « Trois petites notes de musique » dans le film « Une aussi longue absence » de Colpi (1960). C’est Cora Vaucaire qui chante la chanson dans ce long-métrage d’Henri Colpi, chanson dont les paroles ont été écrites par Coppi, lui-même, et la musique par Georges Delerue. Puis Yves Montand enregistrera la chanson à son tour, en partie poussé par Simone Signoret qui avait refusé le rôle principal « d’Une Aussi Longue Absence » et qui voulait ainsi offrir une compensation morale à Colpi.
Trois petites notes de musique – Cora Vaucaire
Voici un extrait du film « Une aussi longue absence » de Henri Colpi où l’on a pu entendre, pour la toute première fois, la merveilleuse chanson « Trois petites notes de musique » (musique de Georges Delerue avec Alida Valli et Georges Wilson) chantée, comme nous le soulignions précédemment, par la grande Cora Vaucaire, Une aussi longue absence est un film franco-italien, le premier film réalisé par Henri Colpi, sorti en 1961. La même année, le film obtint deux récompenses prestigieuses : la Palme d’or du Festival de Cannes et le Prix Louis-Delluc.
En banlieue parisienne, la patronne d’un bistrot est intriguée par un clochard qui passe tous les jours devant son établissement. Frappée par sa ressemblance avec son mari déporté quinze ans plus tôt, elle se met à le suivre et de nombreux indices la persuadent que c’est bien son époux. Patiemment, elle cherche à apprivoiser cet homme sans mémoire… (1)
« Une aussi longue absence » de Henri Colpi
Trois Petites Notes De Musique
Paroles : Henri Colpi
Musique : Georges Delerue
Trois petites notes de musique
Ont plié boutique
Au creux du souvenir
C’en est fini de leur tapage
Elles tournent la page
Et vont s’endormir
Mais un jour sans crier gare
Elles vous reviennent en mémoire
Toi, tu voulais oublier
Un p’tit air galvaudé
Dans les rues de l’été
Toi, tu n’oublieras jamais
Une rue, un été
Une fille qui fredonnait
La, la, la, la, je vous aime
Chantait la rengaine
La, la, mon amour
Des paroles sans rien de sublime
Pourvu que la rime
Amène toujours
Une romance de vacances
Qui lancinante vous relance
Vrai, elle était si jolie
Si fraîche épanouie
Et tu ne l’as pas cueillie
Vrai, pour son premier frisson
Elle t’offrait une chanson
A prendre à l’unisson
La, la, la, la, tout rêve
Rime avec s’achève
Le tien n’rime à rien
Fini avant qu’il commence
Le temps d’une danse
L’espace d’un refrain
Trois petites notes de musique
Qui vous font la nique
Du fond des souvenirs
Lèvent un cruel rideau de scène
Sur mille et une peines
Qui n’veulent pas mourir
Autres suggestions d’écoute sur le blog « J’ai la mémoire qui chante » :
- Cora Vaucaire – La complainte de la butte
- Cora Vaucaire – L’Écharpe
- Yves Montand – Les Feuilles Mortes
- Pia Colombo – Un soir de mai
- Raymond Lévesque – Quand les hommes vivront d’amour
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Merci d’avoir précisé le nom de l’auteur et celui de sa première interprète ! La plupart des auditeurs croient qu’Yves Montand en était l’auteur, or rendons à Colpi ce qui revient à Colpi…
Quelle mélancolie, quelle vie en même temps !
J’adore cette chanson. Le texte est magnifique et c’est pour moi une des plus jolies mélodies qui puissent existées. J’aime la version d’Yves Montand, mais Cora Vaucaire, par son interprétation toute en douceur, en fait là un bonbon tendre et sucré a déguster les yeux fermés.
qui puissent exister
[…] Cora Vaucaire – Trois petites notes de musique, Dans une nouvelle vidéo que je viens tout juste de découvrir et d’ajouter sur la page de la chanson, retrouvons sur scène la grande Cora Vaucaire et “ses” Trois petites notes de musique” sur des paroles de Henri Colpi et sur une musique tout à fait sublime de Georges Delerue. […]
Dans une nouvelle vidéo que je viens tout juste de découvrir, retrouvons sur scène la grande Cora Vaucaire et « ses » Trois petites notes de musique:
Merci pour ces moment de plaisir à redécouvrir des instants de bonheur qui ont marqué notre jeunesse, notre adolescence et encore aujourd’hui.
Il y a des airs, des paroles, des musiques et surtout des humains pour les créer, les jouer et les chanter qui enrichissent nos vie.
[…] Cora Vaucaire – Trois petites notes de musique […]
Merci Pierre d’avoir rendu hommage à cette si grande dame de la chanson qui servait avec talent nos si grands auteurs . Merci aussi à Lise et melocoton pour leurs commentaires.
Peu à peu tous ces grands de la chanson partent pour le pays du non-retour ,mais au panthéon de la chanson et dans nos coeurs ils restent bien vivants.
bel automne en musique et en chansons à tous et « chapeau bas » madame Cora Vaucaire
Un amoureux des mots et des jolies notes
Jean mi
Le pays du NON retour bien sûr !! merci d avoir rectifié
tendresse
jean mi
J’ai eu le bonheur de la voir chanter en personne lors de sa dernière tournée en sol québécois. Toute menue sur la scène et de blanc vêtue, elle bien devait avoir dans les quatre-vingt ans passées… La voix était sans doute un peu chevrotante mais l’émotion qui se dégageait de ses interprétations y gagnait en intensité…
Elle faisait plus que chanter, elle vivait ses chansons… Une chanson interprétée par Cora Vaucaire devenait une autre chanson, sa chanson à elle et semblable à aucune autre.
Voilà le souvenir que je garderai d’elle !
Trois petites notes de musique, la-la-la-la-la-la-la-la-la-la-la… ça y est, je l’ai dans la tête pour toute la journée, c’est sûr !
Une douce mélodie qui porte à penser…
Bonne journée Pierre !
Un des plus beau poème de Prévert dit par cette très grande dame de la chanson française :
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
http://www.4shared.com/audio/XAMbFspC/13-Barbara.html
Magnifique en effet, ce poème de Prévert.
Mais c’est un texte pourtant né de circonstances bien douloureuses puisqu’il se réfère aux 165 bombardements subis par la ville de Brest entre le 19 juin 1940 et le 18 septembre 1944. Peut-être avait-il plu sur Brest cette journée-là mais rien à voir avec cette pluie de « feu et de sang » reçue la veille sur la ville !
Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abimé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert, Paroles