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Arrive que le paroleux
Plutôt que de se vendre au mieux
Préfère encore se taire…
En ce lendemain de St-Valentin, il arrive que le chansonneur ait, lui-aussi, l’inspiration dans les talons… Alors quoi de mieux que cette chanson d’Anne Sylvestre, cette grande oubliée de la chanson d’expression française à qui on a rarement donné la place qu’il lui revenait mais dont le talent est pourtant immense.
Anne Sylvestre, de son vrai nom Anne-Marie Beugras est née en 1934 à Lyon. Elle commence à chanter à la fin des années 1950 dans des cabarets comme « La Colombe » où elle fait ses débuts, puis au Cheval d’Or, La Contre-Escarpe, Le Port du Salut, Chez Moineau et enfin aux « Trois Baudets » où elle chante jusqu’en 1962. C’est toutefois à la radio qu’elle commence à se faire un nom avec un premier disque et surtout avec sa chanson « Mon mari est parti » qui lancera véritablement sa carrière.
On la compare parfois à Brassens en raison de la qualité remarquable de ses textes, de leur simplicité d’écriture et du fait qu’elle s’inspire, tout comme Brassens le faisait, de petits faits divers « sans importance » de la vie de tous les jours.
Une grande oubliée de la chanson
Elle recevra en 1960, le prix de l’Académie Charles Cros mais elle a été, plus souvent qu’à son tour, ignorée de la critique, du public et, par le fait même, des palmarès. J’écoutais tout récement un extrait de l’émission « ll est minuit, Paris s’éveille » où Anne Sylvestre constatait avec dépit que dans toutes les compilations (meilleure chanson, meilleur texte, etc..) ce qu’il y avait de remarquable c’est que son nom n’y apparaissait même pas. Sa discographie est pourtant imposante. Outre son volumineux répertoire adulte (environ une quarantaine d’albums), elle a par ailleurs produit pas moins d’une vingtaine d’albums pour enfants.
Auteure et interprète engagée
Chanteuse engagée, mais qui a toujours refusé cet adjectif, elle signera et signe encore de nombreux textes sur des sujets socialement délicats, comme le viol (Douce Maison, 1978), l’avortement (Non, tu n’as pas de nom, 1973), la misère et les sans-abris (Pas difficile, 1986) ou l’actualité (Un Bateau mais demain en 1978). Associée dans les années 1970 au mouvement féministe, elle chante avant tout la sensibilité féminine. Ses textes racontent l’intimité, mais aussi la force des sentiments et de ses engagements : la guerre et la solitude.
Anne Sylvestre – Faites-nous des chansons
Anne Sylvestre – Faites-nous Des Chansons
Oui, faites-nous des chansons
Et faites-nous-les belles
Oui, faites-nous des chansons
Nous les fredonnerons
Oui, faites-nous des chansons
Pour nous donner des ailes
Oui, faites-nous des chansons
Nous nous envolerons
Si vous vous envolez, braves gens,
Z’ aurez bien de la chance
Z’ en aurez pas pour votre argent
Pas pour votre espérance
Arrive que le chansonneur
Ait plus rien dans les poches
Plus une miette de bonheur
Plus une simple croche
Arrive que le rimailleur
Las de se faire entendre ailleurs
Reste dedans sa chambre
Le cœur en plein décembre
Et que le musicaillon
Bouffe le bois de ses crayons
Déserté par les notes
Les yeux remplis de flotte
{Refrain:}
C’est pas moi qui vous vendrai du « trou la, trou la lère »
C’est pas moi qui vous vendrai du vent
Si c’est ça qu’il vous fallait, du « trou la, trou la lère »
Si c’est ça, fallait le dire avant
Oui, faites-nous des chansons
Et faites-nous-les tendres
Oui, faites-nous des chansons
Et nous les aimerons
Oui, faites-nous des chansons
Qui soient douces à entendre
Oui, faites-nous des chansons
Et nous les rêverons
Si vous voulez rêver, braves gens,
Ça sera pas facile
Le rêve a pris la clé des champs
Il a quitté la ville
Arrive que le chansonneur
Aimerait bien se taire
Et planquer son petit malheur
Sous deux poignées de terre
Arrive que le scribouilleux
Puisse rien écrire de mieux
Qu’ sa chandelle soit morte
Frappez pas à sa porte
Arrive que le musicard
Ait quelques bateaux de retard
Que ses soupirs débordent
Qu’il ait cassé ses cordes
{au Refrain}
Oui, faites-nous des chansons
Et faites-nous-les drôles
Oui, faites-nous des chansons
Nous nous épanouirons
Oui, faites-nous des chansons
Que le rire nous frôle
Oui, faites-nous des chansons
Nous les achèterons
Bien si vous rigolez, braves gens,
Ça sera la surprise
Faudrait pas tricoter longtemps
Votre matière grise
Arrive que le chansonneur
Ait pour vous trop d’estime
Pour viser plus bas que le cœur
En-dessous de la rime
Arrive que le paroleux
Plutôt que de se vendre au mieux
Préfère encore se taire
Le cul posé par terre
Et que le pauvre écosse-notes
Plutôt que de baisser culotte
Reste dans sa cuisine
À gratter en sourdine
« Pourquoi faire des chansons ?
Pour dire aux gens : vous n’êtes pas tout seuls.
Y en a d’autres comme vous.
Moi, je comprends comme vous. »
Anne Sylvestre
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- Patachou – Vos yeux cachou (Chanson pour Juliette)
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- Pia Colombo – Un soir de mai
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Si vous aimez la chanson d’expression française, retrouvez-nous sur la page Facebook «Chansons françaises des années 50 et 60 » où nous vous proposons, quotidiennement, l’écoute d’une chanson ayant laissé sa marque au cours de ces années glorieuses pour la chanson, que furent les années 50 et 60 .
Chansons françaises des années 50 et 60
Bonjour,
Rappelez-vous les chansons que votre mère vous fredonnait au berceau pour vous rassurer… hé oui ! aujourd’hui encore, vous les savez par coeur ! Est-ce important une chanson ?
Oui, ma chère Lise, il y a des chansons que nous connaissons et aimons mais sans les connaître vraiment. Pour tout dire, je n’ai choisi la chanson d’aujourd’hui qu’après avoir pris connaissance d’une bonne trentaine de « brouillons » de pages que j’avais en réserve. Et c’est par défaut que j’ai finalement retenu cette chanson d’Anne Sylvestre puisque je me sentais pas « en âme » pour toutes les autres chansons que j’avais en chantier.
Et parmi celle-ci, il y avait cette très ancienne « Chanson des blés d’or » que ma mère m’a chantée quand j’étais tout petit et que je n’ai à peu près jamais entendue depuis. Mais j’en sais tellement peu sur la petite histoire de cette chanson (qui sont, par exemple, ces trois auteurs Soubise/Lemaitre et Doria qui ont signés cette chanson d’amour). J’espère tout de même être en mesure de la proposer, tôt ce printemps (puisque c’est une chanson de renouveau et, donc, de printemps, bien que les blés, chez nous, ne deviennent vraiment dorés que tard durant l’été)
Mignonne, allons à la nuit close
Rêver aux chansons du printemps
Pendant que des parfums de rose
Viendront embaumer nos vingt ans !
Je ne peux d’ailleurs résister à l’idée de vous en donner un avant-goût, en vous proposant d’écouter cette interprétation de la douce voix de notre Fabienne nationale:
Fabienne Thibeault – La Chanson des Blés D’or
C.Soubise – Lemaitre / F.Doria
Bonsoir Pierre,
Pour vous, je chante la »Chanson des blés d’or » ; attention ! J’ai à peu près le même timbre de voix que celui de notre Clémence nationale (en pire) mais c’est de bon coeur… Aie !
Quel beau choix ! Ce n’est pas la chanson la plus connue d’Anne Sylvestre, mais c’est une de celles où elle présente le mieux son exigence de qualité.
Anne Sylvestre sort un nouvel album d’ici peu et se produit au Casino de Paris le 15 mai. Même si elle est hélas peu présente sur les médias, elle a un public fidèle et fait salle comble quand elle se produit.
anne sylvestre a aussi collaboré avec pauline julien, encore une autre grande dame de la chanson francophone un peu trop souvent méconnue; d’autres aussi méritent d’être défendues: francesca solleville, véronique pestel, gribouille, helène martin, pia colombo, monique morelli…et bien d’autres encore, soit comme auteurs interprètes, soit seulement comme interprètes; et des hommes aussi: jacques bertin, jean-roger caussimon, serge utge-royo, marc ogeret, stephane golmann…tous des gens que les radios ignorent délibérément (la disparition de jacques douai a à peine été évoquée sur les radios françaises!)
merci de les faire connaître.
Merci Pierre pour ce cri du coeur… J’ai aussi fait les petites corrections que vous souhaitiez !
Je suis justement à préparer un page sur la chanson « Non, je n’ai pas de nom » écrite par Anne Sylvestre et admirablement chantée par la québécoise Pauline Julien. Et puisque nous parlons de Pauline, je vous signale trois interprétations qu’elle nous a données et que nous présentons sur ce site soient:
– Pauline Julien – Ah que l’hiver (1967)
Cette extraordinaire chanson de Vigneault évoque la « vie de chantier » des travailleurs forestiers québécois pendant toute la première moitié du XX siècle. Vie de chantier qui ne disparaitra qu’au milieu des années 50 avec la mécanisation du travail en forêt.
– Pauline Julien – Les gens de mon pays
Avec cette chanson qui était (et j’utilise volontairement le passé) quelque chose comme un hymne national pour les québécois. Je vous rappelle que Madame Julien était fort engagée sur le plan politque antant dans la lutte pour les droits de la femme que dans la promotion de la cause souverainiste au Québec.
– Pauline Julien – Le Rendez-vous (de Léveillée)
Il s’agit ici d’un extrait vidéo datant de 1965 où elle interprète la célébre chanson de Claude Léveillée. Pauline Julien, décédée en 1998, y apparaît toujours aussi intense et généreuse dans ses interprétations.
bonjour,
j’ai découvert Pauline Julien il y a plus d’un quart de siècle lors d’un voyage au Québec; elle chantait « Ah que l’hiver ». Depuis, j’en garde un souvenir que je ne saurais qualifier, tant il est fort. Une autre interprétation m’a profondément marqué, c’est une chanson qui commence par « si nous devenons bons amis… », je n’en sais plus le titre. Enfin, je l’aime aussi beaucoup dans ses interprétations de Kurt Weill (textes de Brecht, arrangés en Français par Boris Vian;
, je crois). C’était vraiment une grande dame!
La « deuxième chanson » est sans doute « L’Homme de ma vie » de Clémence Desrochers (poète, chansonnière et humoriste québécoise).
Clémence a composée ce texte pour son père, le poète Alfred Desrochers:
L’homme de ma vie
Si nous devenons bons amis
Je t’amènerai un dimanche
A la maison en bois de planche
Rencontrer l’homme de ma vie.
Il te tendra sa longue main
Pareille à un dessin d’étoile.
Il mettra du bois dans le poêle
Pour réchauffer le café brun.
Le coude appuyé sur la table,
Il te parlera framboisier,
Du sous-bois qu’il a nettoyé
Pour entailler ses deux érables.
Il t’amènera en forêt
Voir les fagots de branches mortes
Et te dira de quelles sortes
De fleurs est garni ton bouquet.
Si tu es là à la brunante,
Il allumera le foyer
Et commencera à chanter
Ses chansons anciennes et lentes.
Un chant d’oiseau le fera taire.
Il pleurera comme un enfant.
Moi je sais la voix qu’il entend,
C’est l’épouse en allée ma mère.
Si nous devenons bons amis
Je t’amènerai un dimanche
A mon chalet en bois de planche
Rencontrer l’homme de ma vie.
Voici la chanson…
(Attention Clémence n’est pas une « chanteuse » et cela s’entend…)
Bonjour Pierre, bonjour tout le monde,
Après avoir fêté son jubilée en chanson il y a 3 ou 4 ans et ressorti son intégrale Studio (en 14 CD), un nouvel album « Bye Mélanco » avec un beau clin d’œil aux « Rescapés des fabulettes » et un DVD « Au théâtre Trianon – 50 ans de chansons », Anne Sylvestre nous a gratifié en 2011 d’un splendide album « Parenthèses » où elle reprend 17 chansons passées quelque peu inaperçues pour leur redonner une seconde vie + 2 inédits de belle facture qui viennent compléter le tableau. Elle a toujours une activité débordante, elle est sur toutes les scènes où se produisent tous les artistes qui aiment et défendent la chanson francophone alors je crois bien que « grande » elle l’est très certainement par la place qu’elle occupe dans le cœur de nombreux amoureux de la chanson française mais « oubliée » ça je jure bien que non 😉