Pour lire les commentaires sur cet article cliquez ici
Une pièce d’anthologie de la chanson française
Sur une musique de Paul Delmet et des paroles de Maurice Vaucaire, la chanson « Les petits pavés » fait partie de ces pièces d’anthologie qui ont creusé le sillon d’où devait naître la grande chanson française. Écrite vers la fin du XIX siècle, cette chanson n’est jamais véritablement tombée dans l’oubli puisque de nombreux interprètes contemporains l’enregistreront. Marie-Paule Belle, Claude Nougaro, Mouloudji, André Claveau, Cora Vaucaire et Gainsbourg l’intégreront, tour à tour, à leur répertoire respectif.
Le compositeur et chanteur français, Paul Julien Delmet, était adulé (surtout par le public féminin) pour ses romances dont il composa la musique lorsqu’il se produisait à Montmartre (au cabaret de La Pie Borgne, puis au célèbre Chat Noir). D’abord uniquement comme interprète, dans le genre « diseur », il commence à composer des mélodies sur des textes fournis par des chansonniers fréquentant Le Chat Noir, suivant en cela la règle de l’établissement qui édictait que l’on dise ou que l’on chante ses propres œuvres (comme parolier ou compositeur). Ses premiers grands succès sont écrits sur des poèmes de Maurice Vaucaire, dont notamment la chanson que je vous propose aujourd’hui, « Les Petits Pavés » et aussi la chanson « Petit Chagrin (1891).
Les paroles de la chanson ont été écrite par le chansonnier et auteur dramatique français, Maurice Vaucaire. Il débutera, comme Delmet, au Chat Noir et créera avec celui-ci, plusieurs chansons « immortelles ». Maurice Vaucaire a écrit notamment « La Chanson du cœur brisé », qui, pendant plus de cinquante ans, connut un succès fou aux États-Unis sous le titre « Song of Songs« .
Maurice Vaucaire est le père de Michel Vaucaire, parolier et époux de la chanteuse Geneviève Collin qui prit le pseudonyme de Cora Vaucaire (1918-2011) et dont nous connaissons tous l’immense talent.
Deux versions fort différentes
Je vous propose d’écouter, ci-dessous, deux versions fort différentes de ce petit chef d’oeuvre de la chanson. Tout d’abord, vous pourrez voir et entendre le surprenant Serge Gainsbourg donner une très belle interprétation de cette chanson « Les Petits Pavés ». En tout justice pour la voix de Gainsbourg, j’ai placé sous la vidéo dont les conditions d’enregistrement sont tout, sauf excellentes, une trame audio qui vous permet de réentendre la même pièce dans de meilleurs conditions d’enregistrement. Si vous ne deviez écouter qu’une seule pièce, c’est bien celle-ci qu’il vous faut entendre.
Vous entendrez ensuite – en audio seulement – l’interprétation de Lys Gauty dont le nom a été assez étroitement associé à cette chanson au début des années 40.
Je remercie et salue, en terminant, un ami de Biarritz, Guy Péronne, qui m’a aimablement mis sur la piste de cette chanson. Guy Péronne est un pionnier de la chanson française en sol québécois puisqu’il s’est produit sur les planches du cabaret montréalais « Chez Clairette » au milieu des années 60 et qu’il a partagé la scène de « La butte à Mathieu » de Val David en compagnie de Georges Dor qui, à l’époque, – faut-il le rappeler – triomphait avec sa « Manic ».
Source: Wikipedia
Serge Gainsbourg chante « Les Petits Pavés » (1962)
« Les Petits Pavés » chanson interprétée par Serge Gainsbourg (excellente qualité audio)
Lys Gauty chante Les petits pavés (1940)
Les petits pavés
Paroles de Maurice Vaucaire / Musique de Paul Delmet
Las de t´attendre dans la rue
J´ai lancé deux petits pavés
Sur tes carreaux que j´ai crevés
Mais tu ne m´es pas apparue
Tu te moques de tout je crois {x2}
Demain je t´en lancerai trois
Par devant ta porte cochère
Pour faire tomber tes amis
Trois et quatre pavés j´ai mis
J´exècre tes amis ma chère
Demain je recommencerai {x2}
Et tes amants je les tuerai
Si tu ne changes pas d´allure
J´écraserai tes yeux ton front
Entre deux pavés qui feront
A ton crâne quelques fêlures
Je t´aime t´aime bien pourtant {x2}
Mais tu m´en as fait tant et tant
Les gendarmes en cavalcade
Me poursuivront après ce coup
Pour m´attacher la corde au cou
Je me bâtis ma barricade
Et sur les pavés je mettrai {x2}
Mon cœur durci par le regret
Autant de pavés par le monde
De grands et de petits pavés
Autant de chagrins encavés
Dans ma pauvre âme vagabonde
Je meurs je meurs de tout cela {x2}
Et ma chanson s´arrête là.
Autres pièces d’anthologie à écouter sur « J’ai la mémoire qui chante » :
- Jacques Douai – L’amour de moy
- Cora Vaucaire – Trois petites notes de musique
- Au clair de la lune
- Aristide Bruant – A la Roquette (Alexandre Zelkine)
- Raymond Souplex – La biche au bois
- Charles Trenet – La mer
- FREHEL – Où est-il donc
- Edith Piaf (Gilles) – Les Trois Cloches
- Mouloudji – Un jour tu verras
- Boris Vian – Le Déserteur
- Verlaine – Chanson d’automne
- Pauvre Rutebeuf – Léo Ferré
- Victor Hugo – Vieille chanson du jeune temps
- Jean-B. Clément – Le temps des cerises
- Serge Reggiani – La Chanson de Maglia (Victor Hugo)
- Rimbaud – Les poètes de sept ans (Léo Ferré)
- Jean Ferrat (Aragon)- Que serais-je sans toi
- Serge Reggiani – Le pont Mirabeau
- Léo Ferré – L’affiche rouge
Autres chansons à écouter sur « J’ai la mémoire qui chante » :
- Félix Leclerc – Demain si la mer
- La Marie-Joseph – Stéphane Golmann
- Jehan Jonas / La Moule
- Jean-Marie Vivier, un auteur-interprète méconnu
- Avec nos yeux – Gilles Vigneault / Claude Léveillée
- Des filles il en pleut – Jacques Douai
- La rue s’allume – (L’odeur des roses)
- Jacques Douai – L’amour de moy
- Au clair de la lune
- Jean Arnulf – Point de vue
- Aristide Bruant – A la Roquette (Alexandre Zelkine)
- Raymond Souplex – La biche au bois
- Guy Bontempelli – Ma jeunesse fout l’camp
- Charles Trenet – La mer
- FREHEL – Où est-il donc
- Edith Piaf (Gilles) – Les Trois Cloches
- Mouloudji – Un jour tu verras
- Georges Brassens – « Le Petit Cheval blanc » et « La Corde »
- Boris Vian – Le Déserteur
- Des chansons d’amour oubliées
- Jean-B. Clément – Le temps des cerises
- Rimbaud – Les poètes de sept ans (Léo Ferré)
- Robert Desnos – J’ai tant rêvé de toi (Desnos)
- Serge Reggiani – Le pont Mirabeau (Apollinaire)
- St-Denys Garneau – Portrait
- Renée Claude – L’indifférence (Nelligan)
- Boris Vian – Le Déserteur
- Verlaine – Chanson d’automne (Verlaine)
- Valerie Lagrange – La chanson de Tessa (Jean Giraudoux)
- Pauvre Rutebeuf – Léo Ferré (Rutebeuf)
- Victor Hugo – Vieille chanson du jeune temps
- Georges Brassens – “Le Petit Cheval blanc” et “La Corde” (Paul Fort)
- Jean Ferrat – Que serais-je sans toi (Aragon)
- James Ollivier – Je n’aime pas dormir (Jean Cocteau)
- Simone Bartel – A Sainte-Savine (Pierre Mac Orlan)
- Verlaine – Chanson d’automne
Liste complète des chansons déjà publiées
* * *
Oui, nous sommes toujours vivant et nous avons besoin de votre soutien !
Cliquez sur ce lien et faites un don pour nous aider à garder ce site vivant.
Abonnez-vous gratuitement au site « J’ai la mémoire qui chante » pour être avisé des prochaines publications et contribuez ainsi à la promotion de la grande et de la belle chanson d’expression française !
===============================================
N’OUBLIEZ SURTOUT PAS DE CONFIRMER
votre adresse courriel (email) lorsque vous recevrez
un message à cet effet du système WordPress !
===============================================
* * *
Si vous aimez la chanson d’expression française, vous pouvez aussi nous retrouver sur la page Facebook «Chansons françaises des années 50 et 60 » où nous vous proposons, quotidiennement, l’écoute d’une chanson ayant laissé sa marque au cours de ces années glorieuses pour la chanson, que furent les années 50 et 60 .
Merci pour toutes ces belles chansons. J’ai eu entre les mains la partition originale de Paul Delmet. La musique que nous entendons n’est pas de lui et cela se comprend, elle était assez médiocre. Elle a été récrite (je n’ai plus l’auteur de mémoire) et pour le plus grand bien de cette chanson qui est ainsi passée à la postérité.
Ma mère, femme très douce décédée à quarante ans, me chantait cette chanson quand j’avais quatre ou cinq ans et la violence des paroles me faisait rire. Je la chantais donc alors avec elle de façon très dramatique, puis j’ai oublié . Une vingtaine d’années plus tard, dans un café, un guitariste brésilien a commencer à en jouer en intro les accords jazz, j’ai reconnu le morceau et ce fut comme un déclic . J’ai commencé à la chanter sur le rythme brésilien et le guitariste a continué de m’accompagner, au grand étonnement de mes amis, choqués par la violence des paroles. A la fin de la chanson, des clients nous ont demandé de recommencer et ont enregistré notre duo improvisé. Merci infiniment Pierre de nous faire retrouver ces « petits pavés » , la merveilleuse Cora Vaucaire (sur YouTube), Lys Gauty, ainsi que d’autres trésors aux textes si émouvants et poétiques, comme par exemple « la complainte de la Butte ».
Merci d’avoir le temps de rédiger ce délicieux petit commentaire en évoquant de vos souvenirs personnels. J’en ai profité pour mettre la page à jour…
Maurice Vaucaire est un chansonnier et auteur dramatique français, né à Versailles le 2 juillet 1863 et mort à Neuilly-sur-Seine en 1918.
Bonjour Pierre, J’ai découvert votre blog récemment et je me régale à le parcourir de temps en temps. Bravo et merci à vous de continuer à faire vivre toutes ces superbes chansons.
Pour ma part, J’avais découvert cette chanson des petits pavés, interprétée par jean Lumière sur un album vinyl édité en 1980 par la maison Vogue ( double disque d’or de Jean Lumière ). Cette version, chantée dans le plus pur style de la chanson réaliste de l’époque, vaut également le détour.
Bien à vous.
merci de nous faire découvrir cette chanson qui n’y va pas par le dos de la cuillère …quelle violence directe !
Formidable Gainsbourg . Quelles voix .et Paroles .
Merci, je ne connaissais pas cette chanson, ce que je trouve surprenante dans sa morbidité. J’aime bien la version un peu reggae de Claude Nougaro. Vous l’avez écoutée?
Merci Gaby de souligner le petit côté « morbide » ou à tout le moins violent, de la chanson. Je m’attendais à avoir beaucoup de commentaires à cet effet mais vous avez été le seul à soulever la question. Évidemment si une telle chanson avait été écrite de nos jours, il est probable qu’elle eut fait l’objet d’une dénonciation de la part des organismes militants contre la violence faite aux femmes. Mais c’est le privilège du temps de mettre à l’abri des humeurs du présent les mots d’autrefois.
De fait il s’agit d’une chanson sur la jalousie d’un amant trompé dont les sentiments oscillent entre la colère (« Et tes amants je les tuerai ») et une profonde tristesse (« Autant de chagrins encavés »). Voilà sans doute pourquoi on en vient à oublier les excès de langage de cet amant jaloux.
Bonjour Pierre,
Ouf ! Texte magistral et expressif qui brasse le coeur et donne des frissons. Gros mercis à Guy et à toi…
Encore une petite perle. Un grand merci Pierre.